La créativité est présentée comme la capacité à produire quelque chose de nouveau. Elle est fréquemment associée au génie et l’on imagine le créatif comme un chercheur ou un artiste talentueux, comme un inventeur libéré de toute contrainte. Une personne dont les capacités exceptionnelles lui permettraient de découvrir ce qui est invisible aux autres.
Cette vision individuelle et innée de la créativité la rendait jusqu’à présent difficilement mobilisable pour le groupe et les organisations.
Pourquoi favoriser la création dans le groupe ?
Notre société a besoin de la créativité, c’est un enjeu sociétal, elle nous aide à évoluer.
Les entreprises cherchent des gens créatifs qui leur permettent d’innover, de trouver de nouvelles solutions, de nouvelles technologies pour s’adapter aux changements.
Cette expérimentation du collectif s’essaime rapidement à tous les niveaux de la société dans tous les secteurs, avec le développement d’ateliers d’innovation, de hackatons (projet de création numérique collectif ou d’innovation dans un délai court) au sein des entreprises, la création de plateformes citoyennes, de communautés virtuelles, et l’ouverture de tiers lieux. En reconnaissant la créativité comme un enjeu managérial important au sein des organisations pour leur permette d’innover, il devenait indispensable de trouver des outils pour la déployer au sein des équipes. Cette nécessité a poussé la recherche à expérimenter des méthodes de développement de la créativité. C’est assez récemment que l’idée d’une approche collective et de processus codifiés de la créativité sont nés.
Comment générer de la créativité dans un groupe
De nouvelles techniques ont été développées pour permettre aux groupes de produire de nombreuses idées en s’appuyant sur les dynamiques de l’intelligence collective. S’il y a bien des méthodes qui favorisent le processus créatif, l’imaginaire, l’inventivité ne sont ni mesurables, ni standardisés.
Dans le groupe c’est bien la diversité des profils, le décloisonnement des savoirs et la préparation de l’atelier par un professionnel qui permettent de produire les idées qui mènent vers une solution. Quelle que soit la méthode, la structuration et l’organisation des ateliers sont essentiels, cela permet de déterminer les attentes et de concrétiser des réponses. A ne pas confondre avec le brainstorming, fréquent dans les années 80, 90, ces réunions d’idéation collective étaient moins structurées et essentiellement centrées sur la production d’idées. Le brainstorming peut être une étape d’un process de création mais il n’en est pas le seul constituant.
Voici quelques méthodes associées à la créativité et à l’innovation. Le processus de création dans le groupe est rarement spontané. Les ateliers d’idéations aident à ouvrir les imaginaires et à se libérer des freins.
Aujourd’hui la création n’est plus centrée sur le processus de fabrication d’un objet ou d’un service. Le besoin réel de la personne ou du groupe sont au centre du dispositif. Ce changement de paradigme conduit aussi à l’arrivée de nouveaux métiers comme les métiers liés à l’Expérience Utilisateur (UX) et à l’Interface Utilisateur (UI) qui sont des évolutions du poste de Web Designer.
Deux exemples de méthodes d’innovation collaborative : Faire ensemble : Ateliers de co-création pour se questionner et expérimenter dans un cadre défini et sécurisé et sous contrainte temporelle. Lors des ateliers, chaque participant doit se sentir en confiance, reconnu et pouvoir exprimer ses doutes. Lors de ces ateliers experts ou néophytes ont la même importance.
Tous les ateliers sont construits sur mesure en fonction de la complexité de la demande. Ils demandent un long travail de préparation, des compétences, ainsi qu’un haut degré d’énergie de la part des animateurs ou facilitateurs. Les tarifs varient selon le nombre de participants, la durée, le nombre d’ateliers et l’objectif final.
Méthode C-K : conception innovante
Dans les années 1990, Armand Hatchuel, Benoît Weil et leur équipe de recherche découvrent que ces activités – qu’ils nommeront « conception innovante » – peuvent être expliquées et modélisées. La théorie C-K est née à MINES ParisTech ou elle est actuellement enseignée au sein de la Chaire Théorie et Méthodes de la Conception Innovante.
Cette méthode réunit d’un côté la créativité le “Concept“ l’imaginaire, les idées, la nouveauté, et de l’autre la connaissance Knowledge le savoir académique.
Le travail consiste à passer de la connaissance à l’imaginaire, du connu à l’inconnu ce qui permet de trouver de nouveaux concepts plus ou moins atteignables. Dans ce foisonnement d’idées en relation avec des savoirs, vous pourrez choisir des solutions nouvelles et atteignables. Tout le travail est intégré dans une arborescence qui pourra être exploitée sur la durée.
Sources : https://www.ck-theory.org/la-theorie-ck/
Design Thinking :
Dès les années 70 la recherche en sciences cognitives émet l ’idée d’une “pensée design“. Le principe est que le design est un mode de pensée, un travail de réflexion abstrait au-delà de la construction d’objet physique. C’est dans les années 90 en Californie au cœur de la Sillicon Valley à la Standford University avec l’agence de design IDEO que se théorise le design thinking en tant que process d’innovation avec une méthodologie, des règles et des outils. Le design thinking est conçu comme une approche de la conception de l’innovation qui s’adaptera à tous les domaines allant au-delà de la sphère d’intervention réservé aux designers. Depuis les années 2000 “la pensée design” devient un process de création duplicable et enseigné partout dans le monde. Selon les méthodes et les écoles la méthodologie peut légèrement varier.
Selon Tim Brown P-DG d’IDEO “Le Design Thinking est une méthode d’intelligence collective centrée sur l’utilisateur (ses usages, ses attentes, ses besoins) ou sur l’humain. “
Le process créatif selon la d.school de Stanford :
L’empathie : Comprendre l’utilisateur
La définition : Le besoin la problématique
L’idéation : Collecter toutes les idées
Les prototypes : Mettre en œuvre les idées
Les tests : Les tests seront répétés sur les prototypes, afin de vérifier leur viabilité. Les feedbacks des utilisateurs seront collectés et ce, jusqu’à l’amélioration complète du produit.
Les acteurs de l’atelier : Le groupe pluridisciplinaire qui contribue au contenu.
L’animateur ou facilitateur, qui ne contribue pas au contenu, mais permet au groupe, lors d’ateliers, de libérer sa créativité et de visiter collectivement toutes les solutions pour en choisir une à concrétiser.
Le promoteur, qui est le commanditaire et bien souvent le financeur, en attente de solutions et qui briefe le facilitateur sur ses attentes et besoins.
La créativité, la conception, l’innovation …. Faut-il le démontrer, mettre l’humain au centre de l’innovation, travailler en transversal, décloisonner les savoirs, accepter le jeu du collectif pour résoudre des situations complexes et trouver de nouvelles opportunités est une obligation pour construire un avenir ou chacun trouvera une place. Peu importe le projet, pour y parvenir l’intérêt collectif doit réunir 3 conditions indispensables : avoir confiance être responsable et s’engager.
Lors de la crise sanitaire les nombreuses initiatives spontanées qui ont conduit à soutenir l’hôpital, l’industrie, les services et à développer des innovations, ont démontré que le groupe résiste mieux aux crises et que la créativité émerge de l’intelligence collective parfois sous forte contrainte.
Accompagnée par un animateur qui connait les outils de l’intelligence collective et la posture de facilitateur, la créativité, l’innovation collaborative sont accessibles à toutes les organisations.
Vous souhaitez lire un autre article sur la créativité, je vous propose de lire : CRÉATIVITÉ ET NEUROSCIENCES du blog : Radar graphique de Laurence FRELAT https://www.deuxpiecescuisine.fr/2022/10/11/cerveau-et-creation/